Il n’existe pas une nature, mais des natures s’il l’on parle de ce système complexe à un instant t d’éléments physiques, chimiques, biologiques en interaction permanente les uns avec les autres. Ce que j’entends par nature n’a rien de comparable entre la situation d’aujourd’hui, celle d’il y a deux siècles et celle d’il y a 65 millions d’années. Le propos d’aujourd’hui est d’essayer de regarder cette relation entre l’homme paysan et cette nature.
De quelle nature parlons-nous ?
Nous avons tendance à ne penser qu’à ce qui se voit, ce qui vit, mais la nature est pourtant autant le produit de ce qui ne vit pas et de ce qui ne vivra jamais qu’un ensemble isolé d’éléments vivants. Nous confondons ainsi souvent la nature avec le paysage. Néanmoins il n’existe que très peu de paysages sur la planète qui n’aient pas été entièrement modelés par la main de l’homme. C’est incontestable sous nos climats et dans nos sociétés « développées » mais cette constatation est pertinente à ma connaissance partout sauf en dehors des zones de peuplades dites primitives qui ont sans doute moins modifié la « nature » originelle. Mais quelle est-elle cette nature originelle ? La prairie du corn belt aux USA était couverte de prairies occupées par les bisons. Mais doit-on faire le procès aux bisons d’avoir limité ce phénomène naturel sous nos climats et latitudes, à savoir la couverture spontanée après évolution en forêt ?
Les impacts de l’homme sur la nature ne doivent pas faire oublier la capacité de l’ensemble des espèces à interagir sur leur milieu. Les facultés d’adaptation font partie des éléments qui concourent à l’évolution.
Il y a aussi nombre de causes extérieures qui peuvent agir sur le « milieu vivant » : lorsqu’un volcan surgit, la modification de l’écosystème est brutale.
Quelle est l’origine du développement de l’agriculture ?
Une fois ce petit rappel effectué, essayons de réfléchir au sujet du jour : y a –t-il une modification des relations entre le paysan et la « nature » ? Quelle est la part des choses ? Où est le progrès ?
D’abord, mes modestes connaissances portent surtout l’évolution de l’agriculture française (européenne par extension).
Sans doute las de courir chercher pitance, les premiers paysans se sédentarisent. Ils sont obligés dès lors de commencer à modifier de façon beaucoup plus visible leur environnement. La culture du sol se fait souvent (mais pas toujours, en particulier dans les zones intertropicales) en opposition à la forêt. Le paysan défriche donc souvent pour exercer son métier. Le cultivateur est souvent l’ennemi de l’arbre.
Des Étrusques qui coupaient les arbres pour faire des bateaux et cultiver, aux moines défricheurs du moyen-âge, le développement de l’agriculture s’est d’abord fait sur la conquête de nouvelles terres bien avant de rechercher à améliorer la productivité.
La valorisation du bois dans toutes les civilisations surtout les pays froids l’hiver est un élément indispensable à la survie et au développement des sociétés. Aussi longtemps que le bois était indispensable pour la construction, son l’énergie pour le chauffage, pour la métallurgie, (100 stères de bois pour 100 kg de fer) le développement de l’agriculture pouvait présenter un ensemble cohérent.
La question de la dimension finie de la planète ne se posait pas. C’est un concept tout neuf dans nos sociétés qui pensaient dominer le monde. La prise de conscience de la gestion de l’eau en est révélatrice. Les bouleversements à attendre n’ont pas été intégrés dans nos organisations politiques et sociales. Nous ne pourrons pas, par exemple, indéfiniment nous désintéresser de l’état des sols que nous contribuons à saccager avec le mode de production dominant aujourd’hui.
La place des animaux
La place des animaux est obligatoirement centrale pour l’activité du paysan.
L’animal sauvage est un nuisible à priori : destruction de récoltes par les ruminants, le gibier, les rongeurs. Doit-on rappeler que s’il y a une proportion assez stable de production agricole détruite sur toute la planète (environ 25-30 %) cette destruction dans les pays riches se fait au stade de la consommation (pâtes, riz, pain directement à la poubelle, pas toujours après avoir été cuits), cette destruction est dans les pays pauvres surtout au stade de la récolte et du stockage, parmi les causes, les rongeurs figurent en bonne place.
Mais l’animal est en même temps un auxiliaire, par exemple, les Égyptiens vénéraient les chats pour leur capacité à manger les souris et donc à sauver les récoltes de grains.
Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que l’homme cherche à s’affranchir des prédateurs de son travail. Il n’y a pas de rupture dans ce registre entre les Égyptiens et les paysans d’aujourd’hui dans cette préoccupation. La forme bien sûr a changé, les moyens utilisés aussi.
Nous ne devons surtout pas avoir une idée d’un temps passé qui aurait été harmonieux entre l’homme et la « nature ». La nature est en général pour toutes les espèces, pas seulement pour l’homme un ensemble à la fois indispensable et hostile souvent. Le cas des prédateurs est bien sûr ce qui me vient à l’esprit, mais la lutte contre le froid, le chaud, la pluie, le soleil on amené l’homme à tuer des bisons et tant d’autres animaux pour avoir leur peau, leur graisse, et bien d’autres parties aux vertus avérées ou supposées.
L’homme a réussi à domestiquer des animaux. A moins que cela ne soit le contraire…
Ces animaux domestiqués étaient probablement certains éléments de leur groupe, trouvant plus malin, plus confortable d’essayer de vivre avec que contre l’homme. Les ancêtres communs entre le chien et le loup peuvent nous permettre de le penser.
De même il n’est pas certain que la transhumance ait été une invention de l’homme ou si au contraire, les animaux n’avaient pas déjà pratiqué ce mode de déplacement, tout à fait adapté aux conditions les plus favorables pour l’animal avant leur domestication.
Leur travail
Mais très longtemps ces animaux domestiqués n’ont pas été considérés comme des produits, mais au contraire comme des auxiliaires indispensables (la basse-cour dans une moindre mesure) pour améliorer le confort de vie, la fertilisation des sols et l’efficacité du travail.
La consommation de viande était marginale. Henri IV dans son programme de campagne promettait à chaque français de pouvoir manger une poule au pot tous les dimanches. Cela illustre bien la place qu’avait la consommation de viande dans le quotidien.
Encore au début du 20è siècle, le dimanche était le jour de viande. Cette viande était souvent un animal qui avait vécu et rendu bien des services. Les bovins en particuliers étaient d’abord élevés pour leur force de travail, l’utilisation du bœuf étant antérieure et durable à celle du cheval,
Le cheval a été utilisé très longtemps d’abord pour la guerre, plus mobile mais plus fragile, donc plus coûteux que les bovins.
Avant l’avènement du tracteur, les « galvachers » du Morvan par exemple louaient leurs bœufs aux paysans qui ne pouvaient pas posséder de tels attelages et partaient au printemps pour revenir en novembre après la saison des travaux avec leurs animaux.
Les vaches n’étaient pas exemptées du travail et donnaient d’abord leur lait avant leur viande. Entre parenthèses, le pays dans lequel on consomme le moins de viande est aussi celui dans lequel il y a le plus de vaches : l’Inde.
La place des animaux pour assurer la fertilité de sols a contribué au développement des élevages comme moyen d’abord d’assurer une augmentation de la production des céréales avant d’assurer un débouché valorisé de la viande. On disait souvent que la richesse d’une ferme se mesurait à la hauteur du tas de fumier.
Les produits animaux
Alimentaires
La consommation de viande était d’abord le produit de la chasse du gibier. Les forêts regorgeaient d’animaux et la chasse était encore le moyen le plus sûr d’obtenir de la viande. La basse cour fournissait aussi la viande, mais dans des conditions qui n’ont rien à voir avec ce que l’on connaît aujourd’hui : les volailles, omnivores par nature, ainsi que les porcs consommaient les déchets des humains non valorisables. Ils n’avaient pas encore transformés en végétariens comme c’est le cas actuellement. La production d’œuf permettait d’avoir des biens échangeables pour acheter les produits manufacturés : tissus, outils… De même, les vaches étaient d’abord des animaux pour le lait et la traction bien avant de finir en pot- au feu.
Non alimentaires
Bien avant que l’artisanat permette de fabriquer des objets plutôt utiles, comme un verre pour boire, un pull en laine polaire ou un toit en tuiles, le recours à la corne d’auroch, à la peau de bête pour se vêtir et à la peau de bisons pour faire un tipi ont correspondu à ces besoins vitaux. Il n’y a pas si longtemps que les produits naturels ont été remplacés par les produits fabriqués.
Les cuirs des animaux étaient valorisés pour les attelages et toutes les activités de cavalerie, agricole et militaire. La liste des objets fabriqués à partir de parties d’animaux est longue : matelas en laine, oreillers, lampes, cordes, vêtements….
Un remplacement des produits animaux
La conjugaison de la massification de la production d’animaux d’un côté, la substitution des utilisations des produits des animaux par les produits industriels synthétiques a laissé comme principal débouché bien valorisé des animaux la vente de la viande, si l’on excepte le lait.
Une grande partie des produits animaux ont été remplacés par des matières synthétiques obtenues à partir du pétrole. Il est probable, que même avec un renchérissement du prix du pétrole, ces produits de substitution existeront encore longtemps, du moins pour certains qui possèdent des caractéristique techniques incontestables : entre la corde en fibres synthétiques et la corde de chanvre, il y a beaucoup de raisons de penser que tous les usages ne seront pas abandonnés.
Pourtant, nous devons nous poser la question de l’utilité globale de l’élevage des animaux comme éléments d’un monde « durable ».
Lors du sommet de Copenhague, il y avait beaucoup de manifestants relayés par Paul Mc Cartney et autres stars du showbiz qui s’opposaient à l’élevage, suspecté de contribuer au réchauffement de la planète. Les revendications étaient pour certain l’arrêt de la consommation de viande, consommation devenant amorale et irrespectueuse du droit de l’animal. Cette vision partielle et non documentée ne pose pas la question de la mesure et de l’excès, questions qu’il est nécessaire de se poser.
Ce qui en cause, n’est pas l’élevage en tant que tel, mais le respect d’un équilibre entre la production, la consommation de viande avec les nouveaux considérants dont nous prenons conscience : renchérissement du prix de l’énergie, raréfaction de certaines matières premières, dont les engrais, qui servent aujourd’hui à l’agriculture dite moderne. Mais ne doit-on pas continuer de penser que la valorisation des produits animaux y compris la viande représente bien un enjeu dans un monde qui devra intégrer la limite des ressources énergétiques et une meilleure valorisation de toutes les matières premières ?
L’industrialisation de la transformation de la viande et de sa consommation aboutissent à exporter des quartiers avant de vache pour importer des quartiers arrière car nous avons souvent oublié qu’un animal est entier avec des morceaux faciles à cuisiner et d’autres moins.
Cela abouti dans le secteur de volaille à exporter des ailes et des pattes de poulet en Afrique, concurrençant les paysans locaux car nous ne voulons manger plus que les cuisses et les blancs de poulet.
Les ruminants ont la capacité de transformer de la cellulose en protéines consommables pour les animaux (lait, viande), transformation que nous autres omnivores sommes incapables de faire.
L’une des autres bienfaits de l’élevage est l’apport de fertilisants indispensables à la production de végétaux. Les déjections des animaux sont au centre du développement de beaucoup d’agriculture dans le monde encore aujourd’hui et le redeviendront pour nos sociétés demain.
Massification de la production et de la consommation de viande
Cette massification de la production a éloigné de façon quasi automatique le paysan de l’animal. D’abord pour des raisons pratiques, s’il était concevable de vivre avec quelques poules et autres animaux de basse cour, l’augmentation du nombre et l’intégration de l’hygiène ont cantonné les animaux dans des espaces réservés. Cela a nécessité des investissements nécessitants une meilleure valorisation des animaux. L’éloignement a aussi marqué la limite homme animal.
Après avoir manifesté le souhait de visiter un jour un élevage de porcs en Bretagne, je n’ai eu droit de la part de l’éleveur qu’à une présentation des résultats techniques des courbes de croissance des cochons sur son écran d’ordinateur. L’élevage dématérialisé, désincarné au sens propre du terme…
L’habitat avait longtemps été conçu pour que les hommes et les animaux vivent ensemble en installant en montagne par exemple les animaux en dessous de l’habitat humain pour le chauffage et la praticité.
En même temps la valorisation historique de la consommation de viande dans les milieux les plus aisés a incité l’ensemble des consommateurs à rejoindre les « élites » dans leur mode d’alimentation. L’élévation du pouvoir d’achat des travailleurs combinée à une chute absolue du prix de vente des viandes a rendu possible cette modification structurelle de la consommation de viande. La banalisation de la consommation a généré une modification de la production et de tout l’entourage de la mort de l’animal.
D’une situation dans laquelle l’animal, le gros animal était tué de façon rituelle, avec quelque part un contenu sacrificiel, les chaînes d’abattage ont dé ritualisé cette mort de l’animal et commencé à interroger sur le contenu de ces abattages massifs. Pour anecdote, Henri Ford s’inspira de l’organisation des abattoirs de Chicago et le démontage des bovins sur les chaînes pour modifier l’organisation de ses usines d’automobiles… Il eu l’idée de mettre en place des chaînes de fabrication comme celles qui permettaient la mise en pièce des animaux pour faire travailler ses ouvriers sans se déplacer.
Les autres aspects des relations nature-paysan
Des modifications profondes ont été opérées depuis le développement de l’agriculture depuis 100 ans en particulier. Nous avons du mal à percevoir comment l’industrie a contribué à reléguer les animaux au rang de « minerai ». J’ai entendu ce terme utilisé par les industriels de la viande, pour la première fois prononcé par mon ancien Directeur départemental de l’agriculture. Ceci juste pour illustrer la place des dirigeants dans l’évolution de nos comportements. Rien dans le mode de production que nous connaissons aujourd’hui n’eut été possible sans une valorisation des élites et des dirigeants politiques et administratifs. Il a fallu plus de cinquante ans de campagnes de promotion, de vulgarisation des techniques pour faire adopter par les paysans les modes de production actuels. De la même manière, c’est l’extrême valorisation faite de la modernité qui a longtemps permis que personne ne s’interroge sur le sens que pouvaient avoir les Organismes Génétiquement modifiés pour l’avenir de nos sociétés
Ensuite des modifications territoriales sont intervenues : la région parisienne par exemple était une région majeure d’élevage. Les fermes avaient des troupeaux de vaches et de moutons ainsi que des chevaux. L’une des illustrations en est le nombre de races de moutons et de chien de troupeaux. Ces chiens comme le « beauceron » ou le Briard avaient pour fonction de garder ces animaux. Ceux-ci assuraient la fertilité des sols de la Beauce, de la Picardie et de la Brie, comme des autres régions de France. Les animaux de rente ont été chassés par les engrais chimiques qui sont plus faciles à mettre en œuvre que l’épandage des fumiers. La substitution des fumiers pas les engrais organiques est à la fois l’une des principales raisons de l’accroissement de la production céréalière et en même temps la cause majeure des impasses de ce système. Ces mêmes animaux de rente ont été concentrés dans des régions « dédiées », la Bretagne par exemple. Nous avons donc une convergence des développements industriels et des modifications des systèmes agricoles.
Le résultat en est que l’utilité la plus visible aujourd’hui pour l’éleveur est la production de viande où de lait.
Pourtant, il fut un temps où la vente de la laine payait le berger, ensuite, cela ne payait plus que le tondeur, maintenant, il faut payer le tondeur en plus de lui laisser la laine. La production de laine dans nos systèmes est rangée dans les accessoires, et sera peut-être sauvée par le développement des isolants pour le bâtiment.
Tout cela n’est pas une fatalité, mais la résultante de choix qui ont été fait en accompagnant le développement de la chimie, présentée comme salvatrice au moment du triomphe du scientisme. Je ne peux ici résister au plaisir de vous lire la déclaration de Marcellin Berthelot au Congrès de la Chimie en 1890.
Discours de Marcellin Berthelot
La modification des systèmes agricoles est bien au centre de projets de l’homme de vouloir domestiquer et dominer la nature. Les découvertes scientifiques et technologiques sont venues étayer ce projet de domination de la nature, bien avant que les fabricants de « nécro technologies » ne viennent tenter d’envahir la planète avec leurs organismes génétiquement modifiés. Les modifications sont allées bien au-delà de ces aspects. La généralisation de l’utilisation de la chimie a précipité le paysan dans la modernité. Elle lui a donné le sentiment qu’il était enfin débarrassé des contingences climatiques ou agronomiques, les chercheurs ne cessant de promettre « des lendemains qui chantent », version terrestre du paradis, dès lors qu’il mettrait en œuvre les préconisations des marchands. Il ne faut pas minimiser les apports de ces techniques en termes d’efficacité, la capacité de l’utilisation des pesticides et des engrais chimiques à court terme est incontestable. Cette généralisation de la chimie toute puissante conforte l’homme dans son sentiment de puissance.
En même temps le niveau de connaissances et de formation indispensables pour utiliser « au mieux » ces techniques a sorti le paysan de son identification marginale dans la société.
Mais pas que la chimie
Le recours massif aux engrais et aux pesticides a été accompagné du développement de la mécanisation, et se sont nourris l’un l’autre. Le tracteur a remplacé la traction animale.
Rappelons ces chiffres : il y a environ 1 milliards de paysans dans le monde qui n’ont pour seuls outils que des outils manuels, 300 millions qui utilisent la traction animale et 30 millions qui utilisent la mécanisation.
Cette utilisation de la traction a autant éloigné le paysan de l’animal, le lien et l’utilité s’estompant devant l’efficacité du tracteur. Par ailleurs, le remplacement du cheval par le tracteur supprime la servitude des soins quotidiens. Cela isole aussi le paysan et lui donne l’impression de pouvoir repousser dans cesse les limites de ce qu’il peut faire : arracher les arbres, modeler les parcelles dans un objectif différent de celui qui avait prévalu jusque là. La haie avait été un moyen de délimiter les parcelles, d’affirmer son droit de propriété, de garder le bétail, de fournir le bois, de fournir les fruits et d’apporter un complément de nourriture aux ruminants pendant la période d’été.
La modernité à éliminé en France 1.4 millions de kilomètres de haies sur 2 millions en 50 ans. Autant d’éléments vivants, d’occasions de rencontrer le vivant et sa diversité : oiseaux, gibier, insectes… les remembrements, c'est-à-dire l’agrandissement des parcelles pour s’adapter aux contraintes de la mécanisation ont en grande partie contribué à cette liquidation.
La sensation de dominer le vivant, encouragée par les firmes pharmaceutiques et les marchands d’engrais a engagé les paysans dans un lutte sans fin contre tout ce qui vit. L’apothéose a été réalisée dans certains domaines : les cultures en solutions hydroponiques qui s’affranchissent totalement des éléments vivants, rendant possible la production de denrées avec du soleil et des éléments chimiques. Le rêve ou plutôt le cauchemar de Berthelot est en train de se réaliser : des chercheurs essaient de mettre au point de la viande synthétique.
Mais de quelles denrées s’agit-il ? Ce système ne force-t-il pas l’humain à opérer une rupture radicale entre son alimentation et la nature ? Si comme le promettait Berthelot, l’homme était libéré de la contrainte d’utiliser le sol, quel intérêt y aurait-il à regarder la nature ? Quel sens aurait la relation à la nature pour un homme qui n’en dépendrait plus du tout pour se nourrir ? Sous nos climats, le sol se couvrirait logiquement de forêts.
Ce n’est pas un problème en soi.
L’une des failles dans cette logique, est que les solutions hydroponiques nécessitent des engrais chimiques et que ces engrais chimiques proviennent de ressources énergétiques fossiles dont tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faut à la fois les économiser et ne pas les brûler, certitudes, convictions, et principe de précaution vis-à-vis des gaz à effets de serre.
Enfin, comment imaginer un mode d’alimentation qui ne ferait que ranger le repas à une stricte utilité biologique ?
Et surtout, à mon sens pourquoi imaginer ce type d’alimentation ?
Pour le bien être de l’humanité ? Pour manger « meilleur », pour s’alimenter ?
Pour que qui s’alimente ?
Pour préserver pour les pays riches les biens précieux que nous avons sur cette seule terre dont nous disposons.
Au moment où les firmes multinationales et les états s’accaparent des millions d’hectares (30 millions l’an passé, spécialement en Afrique et en Indonésie, pour cultiver des agro-carburants et rapatrier en Corée, en Chine ou au japon des denrées agricoles, spoliant un peu plus les pays pauvres) la question du lien au sol et des enjeux liés à son droit d’accès resurgissent avec une brutalité extrême. Les hommes avaient pour habitude de conquérir par la force militaire les terres dont ils avaient besoin ou en vie par précaution, aujourd’hui, c’est avec la force des capitaux, mais c’est le même principe.
Berthelot à la fin de son propos propose de boire au travail, à la justice, et au bonheur de l’humanité, Mais que boit-il ? Du vin probablement, ailleurs dans le monde ce peut être, du thé, du café, sans doute pas que de l’eau, rarement un produit festif…
Alors quelles évolutions possibles ?
Sans doute pas de continuer dans le sens que je viens de vous décrire. La consommation actuelle est le produit de rapports sociaux, de choix de développement faits pour préserver des intérêts à court terme. Une autre volonté doit s’affirmer pour modifier les systèmes. La consommation de viande au niveau moyen des pays occidentaux et sud américains est incompatible avec sa généralisation. La consommation d’espace qui en résulterait accentuerait encore les relations conflictuelles pour la seule survie de la majorité de la planète. Nous devons repenser notre relation à la consommation, à la nourriture principalement. Le développement de la consommation de produits manufacturés se fait dès lors que les questions alimentaires sont résolues. Il n’est pas dans mon propos l’intention de prôner la frugalité absolue, l’ascétisme pour tous, le carême permanent, juste la nécessaire intégration dans nos modes de consommation et de production, par des mesures politiques appropriées, des enjeux de demain pour éviter de sombrer dans un chaos fratricide.
Des contraintes nouvelles doivent s’appliquer à tous afin de ne pas inciter comme nous le faisons depuis des lustres, à consommer de plus en plus de protéines, élément coûteux à produire.
La réappropriation de la nature est pour partie en train de se faire pour une partie de la population. La recherche d’identifiants locaux dans le choix des produits incite les paysans à se reposer la question de lien au sol, du sens et des limites des pratiques de production. L’agriculture « moderne » jusqu’à nos jours a consisté surtout à mettre en équation chimiques les éléments connus en faisant comme si ce que l’on ne connaissait pas n’avait aucun intérêt : microfaune, bactéries, hormones, champignons…
La connaissance du vivant est un élément indispensable pour que le paysan comme le consommateur puisse se sentir impliqué dans la recherche de solutions nouvelles.
Ce n’est sans doute pas Monsanto qui va se consacrer à cela, les firmes qui travaillent sur les biotech’ ne sont obsédées que par une chose : la recherche de brevets sur le vivant pour marchandiser le monde.
Une partie des paysans a complètement intégré ce discours, reprenant l’idéologie scientiste du 19 e siècle et pense que l’avenir de la planète passe par une intégration encore plus forte de l’agriculture au système économique. C’est même parce que cette idéologie a eu cet écho chez les paysans que le système continue comme si de rien n’était.
Seuls quels esprits moins dociles osent contester cette négation du vivant, cet abandon à la logique du profit, cette appropriation du vivant par le biais des brevets.
L’un des enjeux du développement de l’agriculture intégrée au mode de production capitaliste est le contrôle du droit de propriété sur le vivant. Les multinationales qui se lancent dans les biotechnologies se ruent sur la possibilité, offerte d’abord par la législation américaine sur le droit de propriété lié à l’exploitation d’un gène. Il suffit aujourd’hui de faire breveter la découverte d’un gène pour avoir un droit d’exploiter ce qui pourra en être tiré. En introduisant ce gène dans une souche de plantes, il devient possible d’avoir un droit absolu de propriété sur la descendance des plantes ainsi vendues.
C’est comme cela que les mexicains qui cultivaient des haricots ont vu une firme américaine déposer un brevet sur cette variété de haricots après les avoir introduits sur le territoire américain et exiger ensuite des même mexicains de payer des royalties sur les haricots que la firme américaine qui leur avait volé ! On peut imaginer que demain, dans le même esprit, les firmes auront des droits sur la multiplication des porcs, des volailles et pourquoi pas des humains, même s’il a fallu statuer aujourd’hui sur cette impossibilité. Qu’en sera-t-il demain ? L’une des solutions est de penser les systèmes complexes, comprendre les interactions entre les éléments du vivant (et du minéral) cesser de reproduire une lecture des animaux et des plantes en équations simples mais en corps complexes aux réactions souvent inconnues.
Cesser ce système qui s’appuie sur une base de plus en plus étroite de diversités animales et végétales. Les souches animales anciennes restantes restent conservées qu’en très petits nombres et une partie du patrimoine végétal dont la culture a été abandonnée est conservée au Spitzberg plutôt que de favoriser leur conservation in situ dans les champs des paysans.
Toutes les tentatives pour « dompter » la nature ont échoué, à court ou à moyen terme. La science triomphante avait promis des miracles.
Pas de miracle. Seulement des progrès ont été accomplis. Il nous appartient de contribuer à corriger les dégâts de ces époques en apparence rationnelles mais fondée sur des postulats trop étroits, des certitudes au lieu d’hypothèses. Le bilan n’est pas toujours glorieux : résistance des « mauvaises herbes » aux herbicides, des insectes aux insecticides, des champignons aux fongicides, des microbes aux antibiotiques, développement des cancers comme les leucémies des jeunes, des allergies invalidantes…
Il est donc plus raisonnable de vouloir composer avec la nature que contre. Apprivoiser la nature comme on apprivoiserait une bête sauvage plutôt que d’essayer de la contraindre par des camisoles de force. Nos anciens avaient souvent compris cela, et la nostalgie n’est pas mon propos. Seulement il faut avoir la sagesse de ne pas confondre l’envie avec le possible, le désir pour le faisable…
Le chevalier, la femme et cette fois en rajout ce ne sera pas le prêtre mais le paysan et pourquoi pas le monde des terriens
Tropiques du Cancer et Capricorne et méridiens terriens
S’il n'en reste qu'un de commentateur posant un de grain de Grossel alréen ou ébroïcien ou icaunais ou etc., je serai celui-là, donc objectif-résultat : texte imprimé et lu, Beau Dommage qu'il m'ait manqué une partie de l'oralité de l’intervenant qui, d'après l'un de mes spectateurs favoris y assistant et avec qui j’ai souhaité partager une réflexion en fin de lecture, parait-il fut bien plus consistante et enrichissante.
Vers la vie mais là sans une des poésies d'E.P, jeune poète bien oublié et inconnu de presque tous sauf en son pays natal dont je ne dévoilerfai pas le nom, trop petit pays ? La nature, l'amitié, les souffrances et les 4 saisons il savait les chanter versifiés, Il neige en plein été.., L'Heure a frémi..et caetera..
Vivent primo les pommes-de-terre germées, les patates douces rouges et sucrées et tous les fruits, racines, arbres et plantes de la terre et Vivent secundo les mammifères, y compris les baleines de quelque couleur qu’elles soient et Vive ter La Truite de Schubert, vive quater l’Echo-Eco du grand voyage des saumons roses en remontée au travers des océans, fleuves et rivières et vivent Cinque Terra,hors là Les travailleurs de la terre, Les travailleurs de la mer et tous les fruits de la mer en grand péril, y compris les coquillages refermés sur leurs richesses et perles et les crustacés dont les homards, les crabes qui se défendent pourtant si sauvagement par un sacré outillage adapté de pinces et carapaces trouvées chez brico rame en soldes hivernales, est-ce qu’il faut y ajouter les requins chagrins et carnivores ? là c’est valse-hésitation à 2010 temps, pourtant je me souviens que le requin est délicieux assaisonné aux câpres, chanterelles, vin blanc et crème fraîche, moralité provisoire ?: problèmes avec le thon rouge et les pauvres petits pêcheurs mal Loti-s, là encore en ce siècle XXI les pauvres gens de la mer sont bien en peine et faillites programmées par décrets.
J’arrête de poisson frais ici tous les viva et voilà enfin une infime partie de sérieux, je passe en impasse le reste de ce qui m’insupporte pour alléger le poids spatial du comment taire terre et mer : http://www.stop-monsanto.qsdf.org/ et stop à toutes les cies chimiques responsables de tant d’horreurs guerrières, Marcellin B et d’autres scientistes positivistes avaient vu loin pour nous prédire à tous dans ce monde dit global un avenir bien incertain et déprimant, Le Soleil vert ?