Une ligne brisée, une frontière infranchissable : « On ne peut pas faire de film de guerre. C'est impossible », dit Samuel Fuller, spécialiste de ce genre. C'est que vétéran de la Big Red One qui traversa plusieurs fronts pendant la Seconde Guerre Mondiale, il sait que l'on ne peut représenter vraiment la violence d'un combat, ni la « folie organisée » d'un conflit. Et pourtant, il tourne. Comme Amos Gitai, Ousmane Sembène ou Oliver Stone, Fuller cinéaste semble né pour partie avec, voire de la guerre, c'est-à-dire de sa survie là où d'autres ont (toujours tragiquement) péri. Il s'agirait donc de considérer la guerre comme une paradoxale et traumatique matrice, et les films comme de lacunaires témoignages reconfigurés et des réponses aussi insuffisantes que nécessaires.