L'histoire humaine, passée, récente et actuelle, se caractérise par l'existence de conflits violents et de guerres qui n'ont pas pour finalité la simple défense de soi, mais qui témoignent de pulsions agressives illimitées, exprimées par le racisme, les meurtres de populations civiles, les viols, la destruction de monuments et d'habitation, les assassinats, les tortures infligées aux prisonniers... Il est impossible de comprendre les comportements des gens qui se livrent à ses actes sans y voir, au moins en partie, le déploiement d'affects de haine. Comment les comprendre ? Nous développerons une analyse du phénomène de la haine à partir de la philosophie de Cornelius Castoriadis, en examinant deux hypothèses : • il existe une tendance inhérente à la psyché humaine à rejeter ce qui n'est pas elle ; • il existe une pente quasi-naturelle à la clôture de l'imaginaire d'une société, qui porte les individus qui en font partie à rejeter les significations dont sont porteuses les sociétés étrangères. Cela nous conduira à nous demander si la haine de l'autre est un phénomène inéluctable qui tient à la nature de la psyché et des sociétés humaines, ou s'il est possible d'établir un rapport à l'altérité qui ne se déploie pas sous la modalité de la haine et du rejet.