S’il existe bien des autoportraits dans l’histoire de l’art classique, ce genre prend un essor singulier à l’aube de la modernité. Je défendrai ici l’idée que ce phénomène n’a rien d’anecdotique mais qu’il témoigne au contraire d’une transformation radicale du sens de la création artistique. De fait, dès la fin du 19ème siècle, l’artiste s’implique de plus en plus dans son œuvre au point que certains considéreront toute œuvre d’emblée comme un autoportrait. Nous pouvons interpréter ce phénomène comme une forme de subjectivisme mettant en avant la singularité de l’artiste, son génie, son style, son originalité. Ou bien nous pouvons nous rappeler les mots de Rimbaud, « je est un autre », qui nous invitent à considérer l’art comme une forme radicale de questionnement de l’identité.