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Les livres de l'Université Populaire d'Évreux


 L'homme et l'animal

Texte complémentaire à la conférence d'Alain Quesnel

 

Le titre donné à ces quelques remarques n’est pas gratuit : il aurait pu être inversé : L’ANIMAL & L’HOMME. Il s’agit cependant ici de réfléchir sur les relations homme/animal en allant de l’homme vers l’animal. Cette démarche ne relève pas d’un choix arbitraire.

En effet, les hommes ont toujours vécu en compagnie des animaux, avec eux, contre eux, dans une relation d’inquiétude et/ou de confiance, de domination pas toujours univoque, dans des rapports multiples et des représentations complexes. Tout ceci nous est familier. Pourtant, malgré quelques découvertes récentes en matière d’éthologie1 animale, il nous est pratiquement impossible de savoir comment les animaux vivent et ont éventuellement conscience de l’homme et de leurs relations avec lui2. Donc, partons de l’homme.

  • REGARDS SUR L’HISTOIRE

  • Les sociétés paléolithiques de « chasseurs-cueilleurs » (comme les dernières sociétés dites « archaïques » qui subsistent) entretenaient avec l’animal un rapport double : pourvoyeur de nourriture, de vêtements, celui-ci pouvait être aussi redouté car dangereux ou tout simplement vu comme un prédateur concurrent à mettre hors-jeu. L’animal est donc à la fois proie et objet d’un culte destiné à repousser sa puissance maléfique ou à s’attirer ses bonnes grâces. Ces sociétés sont en général totémiques : chaque clan y dépend d’un totem, ancêtre animal par rapport auquel apparaît une série d’interdits qui fondent la structure sociale.

  • La « révolution néolithique » (vers 10 000 av. JC et étendue sur des millénaires) amène la découverte de l’agriculture, la sédentarisation des hommes et la domestication de certaines espèces animales. Le rapport homme/animal change : distinction entre la bête sauvage (toujours potentiellement dangereuse ou nuisible) et l’animal domestique, utile, proche et bientôt familier.

  • La diversification et la multiplication des besoins humains multiplient le nombre des espèces domestiquées. La séparation est bientôt radicale entre les espèces utiles, « humanisées » (le paysan donne des noms propres à ses vaches) et les autres (loup, lynx, renard, blaireau…) réputées dangereuses ou nuisibles.

  • Dans la société contemporaine économiquement développée, le rapport à l’animal demeure complexe : on n’y pense guère devant un steak, mais on bichonne son chien ou son chat. On valorise et admire l’animal sauvage quand des espèces entières disparaissent chaque année.

  • Les relations historiques entre l’homme et l’animal sont ambivalentes. La bête : amie ou ennemie ? autre ou semblable ? dominée ou dominante ? De telles questions ont nourri notre imaginaire.

    1. L’IMAGINAIRE

    On peut relever, dans l’imaginaire humain, diverses façons d’aborder l’animal.

    1. L’anthropomorphisme : l’homme prête fréquemment à l’animal des sentiments, qualités, vices et vertus qui sont les siens. Cette vision anthropomorphique peut relever de l’illusion naïve du maître persuadé que son chien comprend tout ce qu’il dit et sent. Elle peut être utilisée de façon critique pour décrire et questionner l’humanité, voire à des fins de critique sociale (Le Roman de Renart, les fables d’Esope ou de La Fontaine). Dans tous les cas, l’animal est gratuitement doté de « qualités » humaines : le chat est fourbe, le renard rusé, le loup cruel, le tigre jaloux…

    2. L’altérité absolue : à l’inverse, l’animal passe pour radicalement différent de l’homme et à ce titre peut être repoussant, inquiétant, dangereux, monstrueux. Qu’on médite sur l’expression : « il se comporte comme une bête » appliquée à un être humain. On remarquera que généralement la comparaison ne s’impose pas car elle vise toujours un comportement qui ne saurait être réellement animal. La bête sert ici de repoussoir et incarne dans l’imaginaire humain la partie de lui-même (l’Inconscient freudien) que l’homme s’efforce de repousser.

    3. L’animal est aussi l’objet de contemplations et de représentations esthétiques, des grottes de Lascaux aux films animaliers contemporains. La contemplation est toujours anthropomorphique : le goéland qui plane ou l’antilope qui bondit ne cherchent pas la beauté du geste. Les représentations le sont aussi : elles disent toutes plus sur l’homme que sur la bête.

    Comme créature imaginaire, l’animal demeure ambivalent, identifié à l’homme ou lui servant de repoussoir. L’homme se sert de l’animal pour se représenter lui-même.

    1. PHILOSOPHIE

    A l’endroit de l’animal, l’histoire de la philosophie met en évidence deux types d’attitudes que l’on peut sommairement décrire comme suit

    1. La première vise à souligner ce qui différencie radicalement l’homme de l’animal. Ce dernier ne serait qu’une « machine » , apte seulement à réagir sur le mode du réflexe mais dénuée d’âme, incapable de sentir, de connaître, de comparer et différencier les objets . Cette pensée est exprimée de la façon la plus radicale par Descartes et rejoint un courant important de la pensée judéo-chrétienne.

    2. La seconde insiste sur une certaine continuité organique, biologique entre l’animal et l’homme. Comme l’homme l’animal est capable de sentir, d’apprendre, de connaître, de différencier l’agréable du désagréable. Il existe, entre l’homme et lui et entre les diverses espèces animales, des différences de degré quant à ces compétences, mais pas une différence de nature, comme le souligne Condillac.

    3. Aujourd’hui, la théorie de l’Evolution darwinienne et néo-darwinienne semble donner raison à la seconde attitude. De plus, le XXe siècle a vu la naissance d’une nouvelle discipline scientifique : l’éthologie, l’étude des comportements animaux et humains. Des travaux comme ceux de Konrad Lorenz ou Henri Laborit soulignent combien l’homme conserve des conduites proprement animales, liées aux habitudes acquises (par exemple dans la gestion de son espace de vie). Ils montrent aussi que l’animal est capable (du moins pour les mammifères les plus développés et certains oiseaux) d’apprentissage donc d’un développement plus ou moins poussé de ses connaissances. Ils montrent également la capacité de certains animaux à s’organiser socialement, à développer des formes de coopération dans le but de survivre.

    4. Ceci pose le problème de l’intelligence animale sous un nouveau jour. On ne conteste plus guère qu’elle existe : des animaux sont capables d’interligare, de créer des liens entre un son et un objet, une action et son résultat présumé, voire entre des représentations mentales d’objets. On voit ainsi certains grands singes témoigner de capacités qu’on aurait cru strictement humaines : par exemple d’utiliser une pierre adéquate comme outil puis de la « ranger » pour pouvoir s’en resservir, ce qui suppose une projection mentale dans le temps. Pourtant l’animal ne fabrique pas d’outil. Il pense l’objet mais pas la catégorie : un chien sait ce qu’est la balle qu’on lui lance régulièrement ; il ne reconnaîtra pas une autre balle comme telle, ce qu’un bébé humain fait très vite. Enfin, l’animal ne possède pas de langage articulé et symbolique. Il ne connaît que l’objet présent et ne saurait imaginer un objet absent ou une situation inédite, ce que l’homme fait fort bien.

    Ici, les lignes de partage entre animal et homme semblent se brouiller : ambivalence des représentations animales de l’humain (nous ne savons rien ou presque d’éventuelles représentations en sens inverse) ; difficulté non à définir ce qui sépare l’animal de l’homme mais à tracer précisément le lieu de cette séparation. A partir de là se pose une série de questions.

    1. DE QUELQUES PROBLÈMES

    Où s’arrête la nature ? Où commence la culture ? On n’a jamais trouvé nulle part d’homme à l’état de nature, non inscrit dans un contexte social et culturel.

    1. La soixantaine de cas connus d’enfants sauvages, c’est-à-dire élevés par des animaux (loups, ours, singes…) depuis leur tendre enfance, montre que même dans ces cas extrêmes l’humain possède encore une aptitude à la culture.3 Rousseau lui-même, dans le Discours sur l’origine de l’inégalité (1755), souligne que le concept d’homme à l’état de nature n’a qu’une valeur d’hypothèse méthodologiquement utile. Donc le questionnement sur l’animal suppléera ici l’impossibilité de travailler sur l’homme.

    2. Qu’est-ce qui différencie l’homme de l’animal ? On répondra aisément : la fabrication d’outils, la conscience du temps, la capacité à abstraire (langage symbolique) et projeter, la modification de son environnement et, bien sûr, le langage articulé.

    3. Réponses exactes mais qui ne tranchent pas le fond du problème ; Pour prendre qu’un exemple, la seule question du langage n’est pas claire. L’homme s’exprime ; l’animal aussi. Comment se fait-il que l’homme, à partir d’un matériau forcément limité (le nombre de mots dans une langue) et de règles (morphologie, syntaxe) limitatives et en nombre limité, puisse produire un nombre infini d’énoncés ?4

    4. Pourquoi l’homme échappe-t-il à des contraintes biologiques qui pèsent sur l’animal ? La sexualité de ce dernier est ainsi soumise à un implacable rythme saisonnier ; pas celle de l’homme. Celui-ci doit travailler pour survivre, donc différer sa satisfaction sexuelle. Ceci explique (sans oublier la possession d’un langage symbolique) qu’à l’inverse de l’animal il soit doté d’un inconscient , connaisse le refoulement, et par là l’érotisme, et soit apte en ce domaine à toutes sortes de représentations.5

    5. Si les animaux sentent et ont des sentiments comme la peur, la confiance… ont-ils des droits ? La question n’est pas abstraite : tous les pays civilisés punissent les actes de cruauté envers les animaux comme des délits. Mais qu’en est-il, sur le plan juridique, du droit de l’animal en tant que tel ? Peut-on et doit-on le considérer comme un sujet de droit ? La question n’est pas du tout négligeable : elle est posé dans certains Etats américains. De plus, il peut être utile ici de rappeler que l’une des premières lois votées par le Reichstag nazi concernait la protection des animaux. Beaucoup d’amis des bêtes pourraient y souscrire aujourd’hui.

    D’autres questions peuvent être posées mais les trois précédentes suffisent à souligner l’essentiel : toute réflexion sur l’animal est d’abord et sur le fond une réflexion sur l’homme et fonde donc une anthropologie.

    1 Ethologie : étude des comportements.

    2 Un exemple : l’éthologie du chat (felis vulgaris) nous apprend que le chat n’opère qu’une seule distinction première entre les êtres animés qui l’entourent. Ou bien la créature peut être chassée ; ou bien, non. C’est une simple question de taille relative. Le chat n’agresse jamais un humain adulte (sauf pour se défendre, par peur ou en cas de rage). Un gros chat peut parfaitement agresser un berger allemand. Au-delà de cet utile constat (et de quelques autres), que « pense » le chat ?

    3 Lucien Malson, Les Enfants sauvages

    4 Noam Chomsky, Sructures syntaxiques

    5 Georges Bataille, L’Erotisme

    Commentaires

    Nos amis se sortent parfois de situations difficiles

    Sel de la terre, du cervelas, et caetera avec juste joint le souvenir de 2 petites expériences in situ,
    Comment se tirer avec succès d'une situation difficile quand on est affamé ou amateur gourmand de certains fruits de la terre mais par malheur enfermé dans une cage grillagée bien éloignée des lieux de production terrienne, chez nos petits cousins et grands ancêtres il est de petits et grands malins qui savent saliver et donc en quelques secondes trouver un brin de solution, « Animal on est mal » ? qui là n’est pas le chant d’un de mes poètes préférés mais juste une sorte de doute et questionnement : instinct de survie, élaboration d'une stratégie pensée avant de passer à l’action ? voici la vue de l’air de la gourmandise en quelques secondes vidéo.

    L'orang-outang et la cacahuète,malins, les orangs-outangs du zoo de Leipzig (Allemagne). Si on leur présente une cacahuète placée hors d'atteinte au fond d'un tube en verre fixé au sol, ils trouvent une solution à la hauteur de leur gourmandise en remplissant le tube d'eau. Cette ingéniosité a d'autant plus surpris les chercheurs de l'Institut Max-Planck de Leipzig que l'opération n'était pas aisée. L'eau était en effet dans une bouteille posée loin du tube. Les primates ont pourtant trouvé le récipient, aspiré l'eau avant de la recracher dans le réceptacle. Pour la première expérience, les orangs-outangs ont mis neuf minutes pour agripper la cacahuète. A la dixième fois, 30 secondes ont suffi. Les chercheurs cherchent maintenant à déterminer si les singes ont eu l'idée avant de la mettre en pratique où s'ils ont découvert l'astuce par hasard. Pour Natacha Mendes, qui a mené l'expérience, «c'est un succès pour un geste compliqué. Si vous demandez à des hommes de résoudre le problème, beaucoup ne donneront pas une réponse rapide et quelques-unes ne trouveront probablement pas la solution».

     

    Sur Arte il y a un an ou deux était présentée une autre sorte d'expérience : une boîte avec deux fenêtres d’accès munies d’une battant en plexiglas ; on pose une banane derrière l’un des battants. Les enfants et les bonobos, pressés, poussent le battant où se trouve la banane et ce faisant la poussent la font tomber dans la boîte … et donc ils n’attrapent pas la banane. L’orang-outang pousse l’autre battant, passe sa main et attrape la banane par derrière ! Un fois l’orang-outang pousse le mauvais battant, la banane lui échappe. Il enfonce sa main dans la boîte pour attraper la banane et prend la caméra, l’arrache, l’emmène dans son repaire et la rend aux opérateurs pièce par pièce, contre des bananes ». BQ

     

     

    Re: Nos amis se sortent parfois de situations difficiles

    Je t'ai reconnue.

     

     

    une source omise, réparé là ci-dessous en bleu

    Prog Id">

    Je ne sais pourquoi quand j’ai voulu citer ma source ancienne en ce qui concernait l’expérience en compagnie de mes ami-e-s et cousins les p’tits malins, le commentaire l’a fait disparaître, malignité simiesque ? je viens de m’en apercevoir en recevant un commentaire en RE 2 d’un heureux qui m’aurait reconnue ? je répare l’échec 1er. Je ne pense pas que les chercheurs aient enjolivé ou inventé l’expérience des vases communicants ni même celui du sens du partage après rapt caméra. Le lien bleu cacahuète et apéritif à l’eau est sans son mais avec vue de tube farces et attrapes, tel est pris qui croyait prendre.. en seulement quelques secondes..ce n'est pas long à visionner.

    http://www.nature.com/news/2007/070702/multimedia/070702-7.mov  Loïc Chauveau Sciences et Avenir

    "Beau Dommage" car descendu de l’autre ancien lieu de source vive TVA-rte je n’ai pas pu retrouver dans mes archives l’image et son de l’échange de partageux pour en faire profiter l’UPE et ses "Visiteurs du soir" du "Vendredi ou la vie sauvage", farce qui était jeu de mécano car rapt et rançon du progrès, appel d'offres : échangerait caméra démantelée en pièces détachées contre bananes non pelées.

     

     

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