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Les livres de l'Université Populaire d'Évreux


 La crise financière mondiale et les perspectives

Conférence du 5 avril 2013 par François Chesnais

 

Dans quatre mois nous entrerons dans la septième année de la crise économique et financière mondiale (qui a commencé rappelons-le début août 2007). Il n’y a que la Chine et les pays industriels du Sud-Est asiatique qui y échappent partiellement. Leur compétitivité coûts et dans le cas de la Corée leur compétitivité « hors-coûts » (la qualité de leurs produits) leur permettent toujours de faire des exportations le ressort de leur accumulation de capital, mais ces pays sont quand même confrontés à l’extrême faiblesse de la croissance mondiale. Chez nous, au nom de l’impératif du paiement de la dette publique alors que des millions ou des centaines de millions d’euros continuent à être injectés dans le sauvetage des banques (dont Dexia dans le cas français), les gouvernements européens ont provoqué, en pleine conscience, une seconde récession. Ils jouent du chômage comme « stratégie de choc » pour accélérer (ou achever) la destruction de « l’Etat social ». La durée de la crise traduit la dimension de la surproduction et la suraccumulation permise par des années de recours à « la croissance par endettement », ainsi que de celle de l’accumulation d’actifs financiers ayant à des degrés divers le caractère de capital fictif. Si on considère l’économie mondiale comme un tout, même si de nombreux sites de production ont été détruits, en Europe notamment, la surproduction et la suraccumulation persistent. De même que l’accumulation d’actifs financiers ayant valeur de prétentions à appropriation de valeur et de plus value, en un mot de substance économique, notamment par le biais de perception d’intérêts sur les titres de la dette publique. Il est une dernière dimension de la crise dont on commence lentement à prendre conscience. C’est celle de crise du « modèle de développement ». Elle marque pour le capital les limites et pour un nombre croissant de gens l’adéquation aux besoins sociaux des industries sur la base desquelles « la croissance » a reposé à partir des années 1960. L’accumulation du capital n’est pas un processus désincarné. Derrière les équations de la reproduction élargie (Marx) ou le bouclage des variables macroéconomiques de la comptabilité nationale (aux fondements keynésiens), il y a la matérialité de ce qui est produit et du comment on le produit (les deux étant étroitement liés). Or indépendamment même des limites écologiques, il devient impossible à un moment donné de prétendre qu’il puisse y avoir une reprise telle de la production automobile qui lui permette de redevenir la « locomotive de la croissance ». Cela fait de la « sortie de crise », non plus une question de politique économique, mais une question politique au sens le plus profond du terme, celle des bases matérielles de la « bonne vie » en société.



François Chesnais est économiste, chercheur associé à l'Université de Paris 13, collaborateur de nombreux journaux et revues. Il a notamment publié:
  • La Mondialisation du capital - Syros, 1994 (première édition), 1997 (édition augmentée)
  • Actualiser l’économie de Marx, Actuel Marx Confrontation, Presses Universitaires de France, Paris, 1995
  • La mondialisation financière : genèse, coûts et enjeux (directeur de publication et deux chapitres), Syros, Collection Alternatives économiques, Paris, 1996,
  • Tobin or not Tobin : une taxe internationale sur le capital (L'Esprit frappeur, 1999)
  • Mondialisation : le capital rentier aux commandes in Les Temps Modernes, n°607, janvier-février 2000.
  • Que se vayan todos ! Le peuple argentin se soulève avec Jean-Philippe Divès, Éditions Nautilus, Paris, 2002.
  • Mondialisation et impérialisme Odile Castel, François Chesnais, Gérard Dumesnil...[et al.] Paris Éd. Syllepse, 2003
  • La finance mondialisée : racines sociales et politiques, configuration, conséquences - Sous la direction de François Chesnais, La Découverte, 2004
  • Les dettes illégitimes - Quand les banques font main basse sur les politiques publiques. Paris, Éd. Raisons d'Agir, juin 2011.

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