Le mot « surréaliste » est aujourd’hui passé dans le langage courant pour désigner une atmosphère insolite, voire une situation incongrue ou saugrenue. On est là, loin des principes fondamentaux d’un mouvement qui, dès son origine, aspirait à fomenter une véritable révolution dans les manières de penser, de sentir, de vivre, d’aimer même, telles qu’elles semblaient inscrites dans la « civilisation occidentale. » Que ce mouvement ne soit plus aujourd’hui (jusque dans les manuels scolaires) qu’une « école littéraire et artistique » parmi d’autres, c’est un fait et c’est, peut-être, à la fois le constat de sa mort et de sa réussite. Pourquoi donc y revenir ?
L’importance majeure du Surréalisme tient en trois points :
1) Le mouvement surréaliste a été, en France, le seul mouvement « culturel » collectif de quelque importance, de quelque influence, entre les deux guerres mondiales.
2) Le Romantisme, au XIXe siècle, a essaimé dans toute l’Europe. Le Surréalisme est le premier mouvement de la sensibilité a avoir atteint l’échelle du monde, avec des dizaines de groupes disséminés sur tous les continents. Il a exercé une influence majeure sur des artistes et des écrivains qui, sans se réclamer de lui, en ont tiré quelque chose : par exemple Pablo Picasso ou Julien Gracq, Octavio Paz ou Aimé Césaire…
3) Il est certain que la révolution radicale des modes de voir, de sentir, d’aimer et de vivre, telle que la prônait les surréalistes, a échoué. Néanmoins, il demeure quelque chose de son exigence et de la sensibilité qui l’a suscitée.